Au Mont Saint-Michel, depuis plus de 1300 ans, la grande Histoire se mêle, tour à tour, aux histoires personnelles de ses moines, habitants, pèlerins et visiteurs.

De la guerre de Cent Ans à la Révolution française, de l’architecture romane aux derniers travaux de rétablissement du caractère maritime, ce rocher hors du temps nous fait remonter les siècles…

Les origines

Le rocher granitique du Mont Saint-Michel s’appelait à l’origine Mont Tombe. En l’an 708, l’archange Michel apparaît en songe à saint Aubert, évêque d’Avranches, et lui demande de construire un sanctuaire en son nom. En 966, une communauté de Bénédictins s’établit et fait construire une première église. À la même époque, un bourg commence à se développer en contrebas pour accueillir les premiers pèlerins.

Le Mont Saint-Michel - Fin Xe siècle
Le Mont Saint-Michel à la fin du Xe siècle, restitution d’après les vestiges des monuments et les textes anciens. Gravure de P. Gout, architecte en chef des Monuments Historiques, 1910.

Les prouesses des bâtisseurs

Les pèlerins étant de plus en plus nombreux, l’église d’origine devient trop petite pour les accueillir. Les bâtisseurs du XIe siècle accomplissent alors une véritable prouesse architecturale : ils édifient quatre cryptes tout autour de la pointe du rocher, puis bâtissent sur ces dernières une grande église abbatiale. Au XIIIe siècle, une donation du roi de France Philippe Auguste à la suite de la conquête de la Normandie permet d’entreprendre l’ensemble gothique de la Merveille. Celui-ci est formé par deux bâtiments de trois étages, couronnés par le cloître et le réfectoire des moines.

Tapisserie de Bayeux
Dans les scènes 16 et 17 de la Tapisserie de Bayeux, les chevaliers affrontent les sables mouvants devant le Mont Saint-Michel – 11ème siècle ©Bayeux Museum

Une forteresse face aux Anglais

La guerre de Cent ans (1337-1453) rend nécessaire la protection du Mont Saint-Michel par un ensemble de constructions militaires qui lui permet de résister à un siège de presque 30 ans. L’îlot de Tombelaine, situé à 3 km, devenu une place forte anglaise, conserve encore aujourd’hui des ruines de cette époque. Pendant le siège anglais, le choeur roman de l’église abbatiale s’écroule. Il est remplacé à la fin de la guerre par l’actuel chœur gothique flamboyant.

La « Bastille des mers »

Suite à la Révolution française, les moines doivent abandonner l’abbaye, qui devient une prison d’État. Jusqu’en 1863, 14 000 prisonniers passent dans cette « Bastille des Mers », où marées et sables mouvants rendent impossible toute évasion. Les familles des prisonniers remplacent alors les pèlerins qui fréquentaient jadis les ruelles du village.

« Autour de nous, partout à perte de vue, l’espace infini, l’horizon bleu de la mer, l’horizon vert de la terre, les nuages, l’air, la liberté, les oiseaux envolés à toutes ailes, […] et puis, tout à coup, là, dans une crête de vieux mur, au dessus de nos têtes, à travers une fenêtre grillée, la pâle figure d’un prisonnier.
Jamais je n’ai senti plus vivement qu’ici les cruelles antithèses que l’homme fait quelquefois avec la nature. »

La Belle Époque et l’essor du tourisme

En 1863, suite aux demandes des écrivains et artistes romantiques, la prison ferme. L’année suivante, le Service des Monuments Historiques restaure l’édifice et l’ouvre au public. Pour acheminer les touristes, de plus en plus nombreux, une digue-route est construite en 1879. Le Mont Saint-Michel perd ainsi son caractère maritime, qu’il ne retrouvera que grâce aux récents travaux. Entre 1901 et 1938, un tramway à vapeur relie la ville de Pontorson au Mont. En cette même période, plusieurs bâtiments anciens du village, peu entretenus, tombent en ruine. Ils sont remplacés par de nouvelles constructions en style néo-normand et néo-gothique. Entre 1928 et 1938, la plupart de ces pastiches architecturaux sont détruits pour rendre au village son aspect historique.

Terminus du tramway entre Pontorson et le Mont Saint-Michel. Photo de 1910.
Terminus du tramway entre Pontorson et le Mont Saint-Michel. Carte postale de 1910.

L’époque contemporaine

Le site est miraculeusement épargné lors de la Seconde Guerre mondiale. Les Allemands l’occuperont tout de même entre 1940 et 1944.
1966 marque le millénaire de la fondation de l’abbaye et le retour d’une communauté religieuse. Les frères et sœurs des Fraternités Monastiques de Jérusalem assurent depuis 2001 une présence spirituelle permanente, et accueillent pèlerins et visiteurs du monde entier.
En 1979, l’UNESCO inscrit le Mont Saint-Michel et sa baie à la liste du Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’UNESCO.
Entre 2006 et 2015, un chantier hors-norme a permis de réinventer l’accès au site, dans le but de faire face à l’ensablement progressif de la baie et préserver le caractère maritime du Mont Saint-Michel. Les parkings ont été réaménagés sur le continent, l’ancienne digue-route a été détruite au profit d’un pont-passerelle, et un barrage a été construit sur le Couesnon pour repousser les sédiments. 
Le Mont-Saint-Michel se lie d’amitié à l’international avec l’île de Miyajima (commune d’Hatsukaichi au Japon) en 2009, et la commune de Monte Sant’Angelo (en Italie) en 2019.